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Un conflit bien entretenu au Soudan

Des visées en mer Rouge

La guerre au Soudan dure depuis plus de onze mois. Le Conseil de sécurité de l'ONU vient de voter une résolution portée par le Royaume-Unis appelant les deux parties belligérantes, l'armée que dirige le général al-Burhane et les Forces de Soutien Rapide (FSR), une milice que dirige le général Hemeti Daglo, à négocier sérieusement une solution du conflit. Celui-ci a déjà fait 7,3 millions de déplacés et plus de 12000 morts mais le bilan ne cesse de s'alourdir davantage.
Des sources fiables affirment que les chiffres sont beaucoup plus élevés tant les deux camps ont commis des atrocités. Si l'armée a misé sur les groupes ultra conservateurs et des franges conséquentes de l'administration héritée de la période de l'ancien président Omar el-Béchir, chassé par le soulèvement populaire de 2019, les FSR ont pour leur part prospéré grâce à l'alliance conclue avec les Emirats qui n'entendaient pas laisser grandir une aspiration soudanaise à un Etat démocratique, dans la région.
Forts de leur lien familial avec les frères Daglo et de leur recours aux mercenaires des FSR en Libye et au Yémen, les Emirats ont toujours été présents au Soudan où, de longue date, ils ont acquis des terres agricoles pour leur propre sécurité alimentaire, importé du bétail et lorgné vers une série de mégaprojets portuaires tel que le projet de 6 milliards de dollars non loin de Port-Soudan, tous susceptibles de renforcer leur présence sur la côte de la mer Rouge.
On sait que les FSR disposent d'environ 100000 hommes, dont l'équipement provient pour l'essentiel des fournitures émiraties alors que l'armée dispose du double, mais la différence tient au fait que les miliciens sont aguerris par leur écrasement de la dissidence au Soudan et leur participation active aux combats en Libye et au Yémen. C'est d'ailleurs ce qui leur a permis de s'emparer en décembre dernier de la deuxième ville soudanaise, Oued Madani, où se trouvent des centaines de milliers de réfugiés. Au début des affrontements en avril dernier, tout le monde croyait que l'armée, avec ses forces aériennes, ses moyens lourds et sa domination sur les institutions soudanaises, n'allait faire qu'une bouchée des FSR, rangés en ennemis.
C'était sans compter avec les apports massifs des Emirats dont les intérêts sont essentiels au maintien de leur allié, avec à sa tête, Hemeti Daglo et son frère Abderahim qui gouverne les mines d'or alimentant le marché émirati. Hemeti Daglo détient un empire financier à Dubaï. Proche de Mansour ben Zayed al-Nahyane et de son frère président, Mohamed ben Zayed. Il y rencontre l'ancien Premier ministre Habdallah Hamdok, écarté par le putsch d'al-Burhane, alors allié de Hemeti. Tandis que Haftar et ses fils étaient chargés de livrer des armes aux FSR, les Epirats ont versé un milliard de dollars à Mahamat Deby Itno pour arrimer le Tchad à leurs ambitions portées par les frères Daglo.
Tout cela pour dire qu'en l'état des choses, les discussions auxquelles appelle la communauté internationale sont plus qu'incertaines, surtout que l'armée soudanaise et al-Burhane posent des conditions de nature à faciliter le jeu trouble des Emirats qui, officiellement, n'ont rien à voir dans le conflit mais dont les intérêts par procuration demeurent le moteur principal.

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