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SYRIE: DÉMISSION DU CHEF DES NÉGOCIATEURS REBELLES

"Jaïch al Islam" prend la paix en otage

Seule, la pression exercée par les superpuissances, la Russie, d'un côté et les Etats-Unis, de l'autre, parvenait à maintenir l'illusion d'un processus en bonne voie.

Coup dur pour le processus de Vienne qui a permis les pourparlers entre le régime syrien et l'opposition, en majorité composée de représentants de groupes rebelles salafistes? certainement pas, car on savait, depuis le retrait de cette dernière du troisième round des discussions sous prétexte que l'armée syrienne devait s'abstenir de combattre les offensives des rebelles dans les zones où bon nombre d'entre eux se retrouvent encerclés, que ledit processus était à l'agonie malgré tous les efforts déployés par la médiation de l'ONU que conduit Staffan de Mistura.
Lundi soir, le négociateur en chef de l'opposition syrienne, Mohammed Allouche, a annoncé sa démission, ce qui n'est ni une surprise ni le signe d'un quelconque changement en profondeur de la donne qui prévaut depuis plusieurs mois sur le terrain militaire. L'échec supposé des trois rounds de pourparlers était en effet prévisible dès le premier jour de rencontre des deux délégations, compte-tenu des attentes des uns et des certitudes des autres. Piloté par l'Arabie saoudite et financé par les pays membres du Conseil consultatif du Golfe (CCG), le Haut Comité des négociations et son chef de file apparent n'avait aucune marge de manoeuvre, fût-elle relative, et les instructions émanant de Riyadh le disputaient à l'inconséquence d'une diplomatie tracée par le ministre saoudien Al Jubeir, obsédé par la volonté de leadership du Royaume wahhabite face à l'inquiétant rival iranien.
Sous l'égide de l'ONU et de son émissaire en Syrie, le «dialogue» était pour ainsi dire maintenu en rade de façon artificielle tant les positions étaient diamétralement opposées et les motifs de rancoeur incommensurables. Seule, la pression exercée par les superpuissances, la Russie d'un côté et les Etats-Unis, de l'autre, parvenait à maintenir l'illusion d'un processus en bonne voie. La justification avancée par le chef de délégation du HCN en dit long sur l'état d'esprit qui a toujours prévalu du côté des groupes rebelles. Mohammed Allouche a expliqué sa décision de démissionner «en raison de l'entêtement du régime, de la poursuite de ses bombardements et de son agression contre le peuple syrien». Or, cet homme est un des principaux dirigeants du groupe rebelle d'inspiration salafiste Jaïch al-Islam (Armée de l'islam), soutenu par l'Arabie saoudite, qui n'hésite pas non plus à s'en prendre à «l'incapacité de la communauté internationale à faire appliquer ses résolutions, notamment en ce qui concerne le côté humanitaire, la levée des sièges, l'entrée des aides, la libération des prisonniers et le respect de la trêve». En clair, il revendique, ainsi que ses parrains, l'arrivée au pouvoir grâce à l'intervention de la coalition internationale qui le soutient, certes, mais reste arc-boutée sur son objectif majeur, la lutte contre le groupe autoproclamé Etat islamique.
La trêve entre le régime et les groupes rebelles, parmi lesquels l'organisation terroriste Jabhat al Nosra, branche syrienne d'Al Qaïda, est malmenée depuis son entrée en vigueur le 27 février dernier sur une initiative russo-américaine. Depuis plus d'un mois, les bombardements mutuels se succèdent sans relâche, surtout dans la métropole d'Alep et près de la capitale Damas, tandis que l'armée syrienne maintient un blocus pour empêcher l'aide humanitaire aux factions rebelles dans plusieurs villes assiégées, comme à Daraya depuis 2012.Et c'est précisément ce qui pousse le HCN à hurler à l'assassin, occultant les nombreux méfaits dont il se rend souvent coupable, comme les attentats sanglants contre les hôpitaux et l'emploi des civils comme boucliers. Dernier en date des crimes de Jaïch al Islam et de Mohammed Allouche, l'enlèvement de civils pacifiques aux alentours de Damas suivi de leur assassinat.
En claquant la porte des pourparlers, Allouche et les groupes armés qui ont conféré une part de légitimité à l'opposition en exil, accusée d'être déconnectée de la réalité syrienne, entendent accentuer plus la pression sur l'ONU que sur le régime de Damas pour arracher un accord qui permettrait de desserrer l'étau autour de leurs positions assiégées. Mais à quelle fin?

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