ANNIVERSAIRE DE LA RÉVOLUTION ISLAMIQUE
Manifestations à risques aujourd’hui à Téhéran
Des manifestations à répétition de l’opposition depuis huit mois ont entraîné des dizaines de morts et des milliers d’arrestations dans tout l’Iran.
L´Iran célèbre aujourd´hui le 31e anniversaire de la révolution islamique par des rassemblements officiels, avec le risque de contre-manifestations de l´opposition, dans un contexte de pression internationale croissante liée au dossier nucléaire controversé iranien. Dans un nouveau geste de défi, Téhéran a lancé mardi la production d´uranium hautement enrichi et les grandes puissances, craignant qu´il ne vise à fabriquer une bombe, ont menacé le pays de nouvelles sanctions. De telles sanctions risquent d´aggraver encore la situation économique, alors que la République islamique est plongée dans une grave crise politique depuis la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad, en juin 2009. Des manifestations à répétition de l´opposition depuis huit mois ont entraîné des dizaines de morts et des milliers d´arrestations dans tout l´Iran, sans que la répression exercée par le pouvoir, qui a exécuté deux opposants et en a condamné dix à mort, n´entame la détermination des protestataires. Dans ce contexte tendu, le pouvoir a averti qu´il ne tolèrerait pas de voix discordantes lors des manifestations du 11 février, traditionnellement destinées à afficher la force et la popularité du régime islamique. Les forces de l´ordre et les bassidjis, les milices islamiques utilisées dans la répression des manifestations d´opposition, ont été mobilisés massivement et commençaient à se mettre en place hier à Téhéran. «La nation iranienne, par son unité et par la grâce de Dieu, infligera un camouflet à l´arrogance (des puissances occidentales) le 22 Bahman (11février) qui les laissera stupéfaites», a affirmé en début de semaine le guide suprême, l´ayatollah Ali Khamenei. «Le principal objectif de la sédition depuis l´élection (présidentielle) a été de diviser la nation iranienne, mais elle n´est pas parvenue à le faire», a-t-il ajouté. Le général Hossein Hamedani, un responsable des Pasdaran a affirmé qu´aucune «manifestation du mouvement vert», couleur de l´opposition, ne serait tolérée. «Toute voix, toute couleur ou tout geste contraires à la révolution islamique» lors des défilés seront «rejetés par le peuple», a-t-il dit. «Ceux qui chercheraient à protester le 11 février sont des agents de l´étranger». Ces derniers jours, les autorités ont procédé à de nouvelles arrestations d´opposants et de journalistes, un avertissement clair aux médias placés sous étroite surveillance. Les principaux leaders de l´opposition, interdite de manifestations, ont néanmoins appelé leurs partisans à participer massivement aux rassemblements officiels, selon la tactique employée depuis le début de la crise. «Participons tous aux cérémonies d´anniversaire calmement et fermement, avec patience et sans violences verbale et physique», a demandé le candidat malheureux à la présidentielle, l´ex-chef réformateur du Parlement, Mehdi Karoubi. Ces commémorations «ne sont pas la propriété d´une faction ou d´un camp», a souligné l´ex-président réformateur Mohammed Khatami. Pour l´ex-Premier ministre Mir Hossein Moussavi et rival malheureux de M.Ahmadinejad à la présidentielle, l´opposition doit être «présente lors de tels mouvements», pour «tenter d´influencer les autres par (son) comportement». Par «les emprisonnements, passages à tabac et autres tactiques d´affrontements mis en oeuvre au nom de l´Islam, le régime islamique fait mal à l´Islam», a-t-il dit en réponse aux avertissements du pouvoir. Les dernières manifestations de l´opposition, à l´occasion du jour de deuil chiite de l´Achoura, le 27 décembre - huit morts et un millier d´arrestations -, avaient montré l´ampleur de la crise plusieurs mois après son déclenchement.