J-5 À BELOUIZDAD
La fièvre est ailleurs
Dans le populeux quartier d´El Aqiba, commune de Belouizdad (ex-Belcourt), c´est la fièvre du «business», - traduisez : recherche d´occasions à saisir sur tout ce qui est proposé dans ce marché aux puces - et celle de l´approche des fêtes du Mouloud ennabaoui qui alimentent toutes les discussions, et autres débats des cafés maures.
Quelquefois, les bavardages sont irrémédiablement orientés vers le politique et la consultation électorale de la fin du mois. Cependant, dès que le journaliste ou l´observateur tente d´approfondir le débat avec les gens, ces derniers évitent d´aller plus loin, se dérobent ou refusent carrément de répondre.
C´est que nous ne sommes plus en décembre 91, quand l´ex-FIS haranguait, dans la mosquée de Kaboul, les foules en délire de ce quartier de la capitale haut lieu, à l´époque, de l´islamisme algérien, ni en novembre 95, date de la présidentielle.
C´est ainsi que pour Si-Kaddour, commerçant: «Le vote ne va rien régler, car il y a déjà eu près d´une dizaine de scrutins durant ces 12 dernières années, mais sans résultat quant à la sortie de crise du pays.» D´après lui, «le problème de l´Algérie, ce n´est pas le vote (avec ou sans fraude), ce sont les hommes intègres qui nous manquent». Quant à Farid, cadre moyen dans une entreprise d´Etat, «ce sont la corruption et les trafics en tous genres qui ont entamé la crédibilité de tout ce qu´entreprend l´Etat. Alors voter ou pas, fraude ou pas, quota ou pas, c´est secondaire par rapport à la dérive continuelle du pays vers l´inconnu.» En fait, à la faveur de ces propos, on se rend compte très vite que si les gens ne sont pas indifférents à ce scrutin, il n´en demeure pas moins qu´ils donnent l´impression d´être saturés par toutes les péripéties de cette politique politicienne qui n´apporte rien de concret au pays.
Autrement dit, contrairement aux années 90, durant lesquelles ceux qui s´intéressaient à la politique le faisaient avec une certaine fougue, voire un engagement passionnel, aujourd´hui, le ton est plus à la retenue qu´à la démesure. Pourtant, même avec le peu de présence jusqu´à présent sur le terrain des animateurs de meetings des principaux partis politiques implantés dans la commune (FLN, RND, MSP), les clivages politiques restent inchangés aux yeux des potentiels électeurs qui se déplaceront à la fin du mois aux bureaux de vote.
Certes, il reste toute une semaine avant le scrutin et d´ici à là, la scène pourrait s´animer davantage, d´autant que les festivités du Mouloud seront alors terminées.
A moins que, comme l´a remarqué Djamel, «besnassi» endurci depuis plusieurs années: «En ces temps de capitalisme tous azimuts, la priorité est d´assurer son gagne-pain, le vote vient après.»