TENNIS
Nadal étend sa suprématie
Rafael Nadal a étendu sa suprématie sur Roger Federer en remportant son premier Open d´Australie au terme d´une nouvelle finale dramatique dimanche à Melbourne.
Si Federer a raté son rendez-vous avec l´histoire, le 1er février 2009, pourrait néanmoins rester comme l´une des dates les plus importantes du tennis contemporain. Celle de l´ascendant définitif pris par Nadal sur Federer.
Le Suisse voulait égaler le record de quatorze titres du Grand Chelem de Pete Sampras. Le N.1 mondial lui a dérobé le tapis rouge sous les pieds au terme d´un match palpitant (7-5, 3-6, 7-6 (7/3), 3-6, 6-2) pour agrandir encore son royaume avec un premier titre majeur sur dur.
Jusqu´à il y a un an, le tennis était un sport simple. Nadal gagnait Roland-Garros et Federer tout le reste. Depuis, il y a eu Wimbledon en juillet et Melbourne dimanche. Mis bout à bout, Nadal a réussi un exploit sur lequel Federer bute depuis toujours: remporter un Grand Chelem sur chacune des trois surfaces, terre battue, gazon et dur.
Le Majorquin a même fait mieux. Il a ravagé dimanche le deuxième terrain de jeu favori du Suisse. Il ne lui reste désormais plus qu´à conquérir l´US Open où il n´a encore jamais joué la finale et jamais rencontré Federer.
A force d´empiéter sur le territoire du Suisse, cela pourrait rapidement devenir d´actualité. L´ancien champion américain Jim Courier estime même que Nadal peut envisager le Grand Chelem dès cette année.
«Federer avait tout à perdre dans cette finale, ce sera maintenant difficile pour lui de regagner un match de cette importance contre Nadal», a souligné Courier, aujourd´hui commentateur pour la chaîne australienne.
Pour le Suisse, le coup de massue est effectivement terrible. Il est maintenant mené 6-13 dans ses confrontations avec Nadal qui l´a battu lors de leurs cinq dernières rencontres, dont trois finales du Grand Chelem. «C´est un désastre», avait dit Federer après avoir perdu Wimbledon. «Ceci me tue», a-t-il murmuré dimanche lors d´un discours qu´il a été incapable de terminer, ravagé par l´émotion et la déception.
Les larmes qu´il a versées dans la Rod Laver Arena ressemblaient à celle d´un enfant qui échoue devant un obstacle trop haut pour lui. Les larmes de l´impuissance.
«Ne t´inquiète pas, je suis persuadé que tu vas battre le record», de Pete Sampras, l´a consolé Nadal. Mais la dynamique est indiscutablement du côté de l´Espagnol qui, à 22 ans, compte désormais cinq trophées majeurs de plus que Federer au même âge.
Federer bénéficiait pourtant cette fois d´un contexte favorable après les 5h14 passées sur le court par Nadal vendredi lors de sa demi-finale. Nadal a d´ailleurs parfois semblé au bord de la rupture. Il a fait appel au soigneur dès le milieu du troisième set pour se faire masser la cuisse droite. Moins en jambes que d´habitude, il a commis quelques erreurs inhabituelles.
Mais il a une nouvelle fois fait preuve d´un courage monumental pour dépasser la douleur et compenser son déficit physique par une hargne sans équivalent et un mental d´irréductible.
Comme à Wimbledon, il a mieux abordé les points importants pour sauver 13 balles de break sur 19. Son envie de gagner a été telle qu´il s´est même payé le luxe de survoler le cinquième set pour s´imposer au bout de 4h23.
Un comble au vu de son état de fraîcheur. A en pleurer pour Federer, trahi tout au long du match par son service.
«Je vais continuer à travailler très dur. Je sais que je vais avoir ma chance à Roland-Garros», a déclaré le Suisse en évoquant sa prochaine occasion d´égaler le record de Sampras lors du seul majeur qui manque à sa collection. Mais comment imaginer que Federer batte Nadal dans un tournoi où celui-ci est toujours invaincu alors qu´il n´y arrive même plus sur ses propres terres?